La caféine

Tout comprendre sur les effets de la caféine

Le crash de fin de matinée

Le cortisol : une hormone clé du rythme circadien

Le cortisol est une hormone stéroïdienne produite par les glandes surrénales en réponse à une stimulation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS), notamment via l’ACTH (adrénocorticotrophine). Il joue un rôle central dans la régulation du rythme circadien, le métabolisme, la réponse au stress, la pression artérielle, et la glycémie.

Le cortisol au réveil : pic physiologique
  • Chez une personne au rythme veille/sommeil régulier, le niveau de cortisol commence à augmenter environ 30 à 60 minutes avant le réveil spontané.
  • Ce phénomène est appelé CAR (Cortisol Awakening Response).
  • Le pic de cortisol survient généralement entre 30 et 45 minutes après le réveil, avec une concentration plasmatique multipliée par 50 à 100 % par rapport au niveau basal nocturne.
  • Il favorise l’éveil, augmente la vigilance, la glycémie, et prépare le corps à l’activité diurne.
Caféine et cortisol : interaction hormonale

La caféine est un stimulant psychoactif qui agit principalement en bloquant les récepteurs de l’adénosine, un neuromodulateur inhibiteur responsable de la sensation de fatigue.

Or, lorsque la caféine est ingérée au moment du pic de cortisol (par exemple, dès le réveil ou dans les 1 à 2 heures suivantes), plusieurs phénomènes peuvent survenir :

Stimulation redondante :
  • Le corps est déjà en phase d’activation maximale naturelle (cortisol).
  • La caféine ajoute artificiellement une stimulation via un autre axe (adénosine → dopamine/noradrénaline), provoquant une “suractivation” du système nerveux sympathique.
Désensibilisation adaptative :
  • Une consommation régulière de caféine au moment du pic de cortisol pourrait entraîner une réduction de la réponse du cortisol endogène, par mécanismes de rétrocontrôle ou désensibilisation des récepteurs.
  • Cela peut altérer le cycle naturel du cortisol, rendant la personne plus dépendante de la caféine pour se sentir éveillée.
Effet rebond ou “crash” :
  • Lorsque l’effet de la caféine s’estompe (après 3 à 5 heures), les niveaux de cortisol ont déjà commencé à baisser naturellement.
  • Ce décalage entre le retrait de la stimulation et la baisse du cortisol peut provoquer un “crash énergétique” en fin de matinée, souvent interprété comme une fatigue ou un besoin de reprendre du café.
Conclusion

Il est préférable de retarder la consommation de caféine de 90 à 120 minutes après le réveil, pour ne pas interférer avec le cycle naturel du cortisol, éviter la désensibilisation et améliorer la stabilité de l’énergie au cours de la journée. Boire du café dès le réveil court-circuite un mécanisme adaptatif naturel de l’organisme, ce qui peut à long terme affecter la vigilance matinale et la dépendance au café.

Sources :
https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC2257922/
https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC2249754/
https://www.thorne.com/take-5-daily/article/why-you-should-reconsider-that-morning-cup-of-coffee

Les insomnies

La caféine en après-midi : un perturbateur du sommeil profond et paradoxal

La caféine, un stimulant de la famille des méthylxanthines, agit principalement en bloquant les récepteurs de l’adénosine, une molécule clé dans la régulation de la somnolence et du besoin de sommeil (pression homéostatique).

L’adénosine : signal biologique de la fatigue

Au fil de la journée, l’adénosine s’accumule dans le cerveau, augmentant la sensation de fatigue et préparant le corps au sommeil. Sa liaison aux récepteurs A1 et A2A diminue l’excitabilité neuronale et favorise l’endormissement.

Caféine : blocage des signaux de repos

En fin d’après-midi, si de la caféine est ingérée, elle inhibe la perception de la fatigue en empêchant l’action de l’adénosine. Ce décalage entre besoin réel de repos et signal perçu perturbe le cycle veille/sommeil.

Conséquences physiologiques
  • Latence d’endormissement prolongée : le cerveau reste en mode éveil artificiel.
  • Sommeil profond réduit (N3) : moins de récupération physique.
  • REM fragmenté : impact sur la mémoire et l’équilibre émotionnel.
  • Augmentation des micro-éveils : sommeil léger et peu réparateur.

Durée d’action prolongée et variabilité individuelle

La demi-vie de la caféine varie entre 4 et 10 heures selon les individus (génétique, stress, hormones). Un café consommé à 15 h peut encore affecter la qualité du sommeil à 22 h.

Conclusion

Boire du café en après-midi interfère avec la dynamique naturelle du sommeil, en masquant les signaux de fatigue et en perturbant la structure des cycles nocturnes. Pour préserver un sommeil profond et stable, la consommation devrait idéalement cesser en début d’après-midi.

Sources :
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36870101/
https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC6230475/
https://jcsm.aasm.org/doi/10.5664/jcsm.3170
https://www.nature.com/articles/s41598-021-84088-x